La sortie d'eau

Autre ambiance : LEVENEZ ne flotte plus mais il vole. Nous voilà à sec, bien petits face à cette quille et ce safran, et surtout face à des travaux chronométrés, inconnus pour nous, visiblement pas trop complexes mais aux conséquences graves s’ils sont mal réalisés. 

Première grande chance : les parents sont encore une fois venus nous aider, et heureusement !! Malgré notre motivation, nous n’aurions pas pu réaliser tout ces travaux tous les deux dans un temps aussi court. 

Seconde grande chance : le chantier où nous étions (CNPF) est super! Des grutiers, aux bureaux, aux chefs d’ateliers, aux magasins, ils ont tous été d’une rare gentillesse et d’une grande générosité de conseils! Merci merci merci !!

Nous sommes vendredi soir, lundi matin le chantier nous remet à l’eau. Entre temps, on a du boulot !!

Le chantier se charge de caler le bateau sur bers (cales positionnées au niveau des varangues – structure du bateau – pour maintenir le bateau) et passer le karcher. Nous en profitons pour prendre un rafraîchissement avant cette nouvelle partie de journée intense qui s’annonce!

Bague hydraulube

C’est parti! Première étape : changer la bague hydraulube (pièce qui permet de guider la rotation de l’arbre d’hélice à travers la chaise d’arbre).  Pour cela nous devons démonter l’hélice. Nous avons une hélice bi-pales MAX PROP. C’est une hélice performante mais pas évidente à démonter (on commence à avoir l’habitude!!). Merci à Seaview Progress que nous étions allé voir en amont et qui a pris le temps de nous donner de bons conseils. Une fois l’ogive (boîtier central dans lequel sont emboîtées les pales) ouverte, il faut maintenir les pales dans leur exacte position afin de noter leur positionnement (si elles sont encore visibles, il y a des lettres inscrites à l’intérieur pour nous aider à prendre des repères). Sans ces repères, impossible de repositionner les pales correctement au remontage. Il faudrait alors faire appel à la société d’ingénierie fabricante pour qu’ils fassent un calcul savant et nous transmettent les repères. Étant donné que nous sommes au début du week-end, autant dire que nous n’avons pas le droit à l’erreur!

Opération rondement menée par Jed et papa. On souffle! Mais pas longtemps car il faut désormais s’attaquer à la bague hydraulube. Il leur faudra des heures pour réussir, la nuit tombée, à la déloger. 

Passes-coque

La nuit passe… Difficilement car une colonie de moustiques a donné l’assaut sur nous! Papa a fini par « dormir » dans le cockpit tandis que Jed tentait de somnoler dans la voiture. Ça tombe bien, nous n’avions rien prévu pour la journée du lendemain..!! 😁

Reposés ou pas, il faut s’attaquer aux passes coques (trous dans la coque permettant une aspiration ou une évacuation d’eau). Premièrement : enlever les existants, ce qui a demandé beaucoup d’énergie et de force. 

On nettoie (avec de l’acétone) les surfaces qui vont recevoir les nouveaux joints, on positionne à blanc les nouveaux passes-coque en faisant en sorte que la vanne intérieure soit accessible (les recoins du bateau sont exiguës, il serait dommage de ne pas pouvoir ouvrir ou fermer la vanne car un tuyau ou autre la bloque!). On note un repère de la position sur la coque. 

On applique généreusement du sikaflex (colle et étanchéifiant) en boudin sur le nouveau passe-coque. Depuis l’extérieur Papa positionne le passe-coque et appuye doucement mais fermement (en respectant le repère précédemment noté). Depuis l’intérieur Jed étale le surplus de sikaflex, positionne la rondelle et la serre manuellement sur le passe-coque. Pendant cette opération, Papa tient fermement le passe-coque depuis l’extérieur pour que celui-ci ne tourne pas (ce qui ferait tourner le joint au risque de le rendre inefficace).

Le lendemain matin, on positionnera les vannes à l’intérieur sur les passes coque et nous redonnerons un quart de tour de serrage, en prenant soin de toujours tenir le passe-coque par l’extérieur.

Nouveaux passe-coque à installer (en plastique fil de verre renforcé)
Trou de passe coque

Antifouling

Voila maintenant l’étape de l’antifooling. C’est une couche de peinture pas très écolo mais indispensable pour que la coque immergée ne se transforme pas en aquarium géant… On commence par poncer la coque pour qu’elle soit la plus propre et uniforme possible. C’est à cette étape là qu’on se rend compte que le bateau est grand..!

On installe un scotch pour délimiter la zone à peindre, et puis on se lance !! On peint, on peint… et on s’approche sérieusement de la fin des pots de peinture que nous avions achetés… alors que nous n’avons pas fait la moitié de la surface!! Toujours le même problème : nous sommes le week-end, le chantier et les magasins ne travaillent donc pas ! Nous trouvons finalement quelqu’un qui nous ouvre le magasin du chantier et nous laisse nous servir ✨On a eu chaud !! Nous continuons de peindre, on est pas trop de 4 pour faire ça en une 1/2 journée. On prend soin de garder de la peinture pour les zones non accessibles (sous la quille et sous les bers) que nous ferons seulement le lundi matin lorsque le bateau sera en lévitation sur la grue.

Retirement du scotch et là c’est la satisfaction !! Le bateau est tout beau 🤩

Derniers détails avec le nettoyage de l’hélice (à l’acide chlorhydrique) et le changement des anodes (pièces destinées à attirer toute électrolyse qui pourrait se produire, afin de protéger des pièces plus sensibles comme l’hélice du moteur – l’électrolyse est phénomène électro-chimique de certains matériaux dans l’eau qui peut causer une oxydation importante et une détérioration du matériel).

Lundi matin, jour de la remise à l’eau. Finiolage des derniers coups de peinture, Levenez est sur la grue et se dirige vers l’eau. Le stress commence à monter!! Si le changement des passes coque n’a pas été réalisé correctement ils vont se transformer en voies d’eau dans le bateau!! Lorsque le bateau est à fleur d’eau, toujours dans les sangles, les grutiers nous laisse grimper dans le bateau. Chacun aux aguets sur un passe coque, le bateau descend,… on ne coule pas !!! Immense soulagement! Dans le stress il ne faut évidement pas oublier d’humidifier le presse étoupe (joint d’étanchéité au niveau de l’hélice qui est humidifié par l’eau de mer, à la remise à l’eau il faut faire venir manuellement l’eau de mer).

Challenge réussi, merci les parents !! Retour au port pour les autres travaux à flot !