Préparer la Transat !

La traversée de l’Atlantique… Déjà ?!! 🤪 A la fois elle arrive bien plus vite que ce que j’imaginais, et à la fois elle se pointe naturellement avec douceur et sérénité. A l’intérieur c’est un étonnant cocktail de guilis au ventre, d’excitation et de joie !

Et donc, préparer une traversée : qu’est ce que ça veut dire ?! Pour nous cela consiste principalement à terminer les éléments que nous avions identifiés au départ mais que nous n’avons pas encore terminés, ajuster quelques éléments découverts durant ces premiers mois de navigation et organiser le bateau pour faciliter la vie à bord lors de cette grande étape ! L’idée étant d’avoir le moins de problèmes possible en mer, des solutions identifiées au cas où, et le plus de confort et de facilités possible pour la vie à bord.

Les travaux à terminer

Pour le moteur, nous avons évidemment vérifié tous les niveaux (huile, liquide de refroidissement, etc.) Nous avons également nettoyé le filtre à air que nous n’avions pas encore pris le temps de bichonner. Comme pour nous, s’il a le nez bouché, il est un peu grincheux ! 😉 Nous en avons profité pour redonner un coup de polish général et resserrer tous les colliers.

De même pour les colliers du circuit d’eau, particulièrement ceux se trouvant près du moteur (plus sujet aux desserrage à cause des vibrations générées par le moteur).

Un petit nettoyage des filtres de la pompe de cale n’est pas du luxe.

Nous avons mis en fonction les feux de navigation avant et arrière. Ils complètent les feux principaux au mât. 

Un grand changement à bord est l’accueil d’un super taud de soleil que nous avons fait faire à Las Palmas! Notre configuration extérieure ne nous permettant pas d’avoir un bimini qui protège le cockpit (baume trop basse), nous voulions une toile qui reste à poste et que nous pourrions dérouler et enrouler à notre guise, y compris en navigation. Cela nous abritera autant du soleil que de la pluie, un grand confort !! Et le bonus : cela nous a permis de découvrir la machine à riveter (car le taud est fixé sous la baume par des pontets) 😃 

Petit aperçu en photo, mais il manque les deux tiges en fibres de verre qu’on enfile dans des fourreaux. Elles réduisent l’effet « tente » et aèrent davantage cette petite cabane !

Point très important, nous avons nettoyer le pic de pêche qui était bien rouillé! Et nous l’avons testé dès la navigation suivante, bien contents de ne pas mettre les doigts trop prêts de ce barracuda !! 😁 

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Installation à bord d’un multiplexer permettant de compiler les différentes données de navigation sur un même écran. Ainsi sur la tablette nous pouvons avoir une carte avec notre routage, notre vitesse, le vent, les signaux AIS des autres bateaux, etc. (avant, chacune de ces informations avait son propre écran de lecture).

Nous avons pris le parti de démonter la partie hydraulique de notre patara (hauban revenant sur l’arrière du bateau) pour la remplacer par un système mécanique avec des poulies et une drisse. Le système hydraulique ne tenait pas bien ce qui nous obligeait à le régler souvent en navigation, pas toujours au moment le plus pratique. Et c’est un cercle sans fin dans ces cas là, le patara se détend, ce qui fait claquer le génois, ce qui détend encore plus le patara, … ce qui énerve le capitaine !! 😜

Sujet tangon désormais : nous en avons 2 à bord, mais un que nous ne pouvions pas utiliser car l’embout correspondait à un ancien système d’accroche sur le mât. Qu’à cela ne tienne, nous avons acheté un nouvel embout, couper le tangon (car l’ancien embout ne pouvait plus se retirer à cause de la corrosion et nous avions de la marge sur la longueur). Et voilà le travail ! Nous avons également mis un système de retenu arrière sur le tangon (en plus du hale-haut et du hale-bas) afin de pouvoir enrouler le génois avec le tangon à poste.

Embout-tangon1
Ancien embout du tangon
Nouvel embout du tangon
Et voilà un tangon comme neuf !

Sécurité… encore et toujours !! Oui parce qu’on est fous, mais quand même raisonnables ! 😉

Petit check sous l’eau de l’ensemble des passes-coque, ce qui nous permet de gratter quelque coquillages qui se sont invités au voyage !

Nous avons décidé d’investir dans le GPS SPOT GEN 3. Il permet d’émettre un signal GPS, à la fréquence décidée. En cas de cata, cela complète la balise de détresse qui n’émet que durant 96h. Avec ce petit boitier nous pourrions émettre beaucoup plus longtemps. Si, si, si, … on doit évacuer le navire, que nous ne sommes pas retrouvés dans les 96h, alors nous pouvons toujours émettre notre position précise. En parallèle, cela permet que des proches à terre suivent notre position régulièrement et soient rassurés ☺️. Cela peut également nous permettre de voir la position du bateau si on part longtemps à terre.

Changement de toutes les piles des équipements de sécurité type lampe de la bouée fer à  cheval, perche IOR (perche flottante complémentaire qui donne un signal lumineux eau sur l’eau), torches, frontales, etc.

Nous nous sommes aussi écrit les scénarios catastrophes : quoi faire en cas de et qui le fait ? En cas d’évacuation du bateau, d’homme à la mer (dans ce cas, « qui fait quoi » est vite vu!! 😝), de voie d’eau, d’abordage (là aussi, à part garder son calme, rien n’est trop prévisible!)

Et en complément du scénario « évacuation du navire », nous avons préparé la liste de notre « grab bag ». Ce sont les affaires que nous emmènerions dans la survie avec nous. 

Perche IOR
Procédures d'urgence
Liste des Grab Bag

Evidemment, nous n’échappons pas aux interminables lessives !

Les petites surprises !

Le pilote automatique, élément crucial ! On constatait depuis quelques temps que la barre était dure, presque bloquée, après avoir mis le pilote. A Gibraltar nous avions déjà regraissé les cables du poste de barre, vérifié que le safran tourne bien, mais rien n’y fait. Posés à Las Palmas de Gran Canaria, nous démontons alors le vérin du pilote. Nettoyage et  graissage de toutes les pièces jusqu’à arriver à la vis sans fin que nous ne pouvons pas atteindre. Nous allons voir un ship (magasin spécialisé) pour demander conseils. Réponse claire : en 20 ans de carrière, le mécano n’a rencontré que 2 fois le problème, dont 1 fois aujourd’hui avec nous ! On se serait bien passé de ce privilège !! Verdict sans appel, le vérin n’est pas réparable et nous, nous ne pouvons pas nous passer de pilote. Nous voilà désormais avec un nouveau vérin! 

Avant toute grande navigation il est sage de faire une inspection rigoureuse du gréement dormant (haubans, etc.) Inutile d’expliquer l’utilité d’avoir un mât bien tenu !! 😁 Nous l’avons donc fait, heureusement. Nous constatons qu’un inter-hauban vrille. Quand il y a un doute, il n’y a pas de doute ! Allez hop on change les deux inter!

En les démontant, un ridoir (pièce taraudée qui fixe le cable sur la barre de flèche) nous résiste, ce qui a valu de nombreuses heures dans les airs pour Jed ! Aucune envie d’avoir une mauvaise surprise de ce genre en pleine navigation, nous décidons donc de regraisser tous les ridoirs.

L’étanchéité : il y a toujours un petit ajustement à faire 😁 Un peu de sika par ci pour refaire un joint de la jupe, un peu par là pour refaire un joint de cadène.

Plus gros chantier, le joint du panneau de notre cabine. Quelques gouttes tombaient gracieusement sur nos visages lors de fortes pluie. Nous aimons la communion avec la nature, mais l’idée de se coucher dans des draps humides ne nous inspire pas plus que ça!! Nous démontons donc le panneau et le joint pour inspecter et constatons que le joint est cuit. Aucun magasin ne l’a en stock, il faut le commander. Nous serrons les fesses pendant 10 jours en espérant que les nuages stagnant au-dessus du mouillage ne se déversent pas sur notre panneau à découvert. Joint reçu, pas de pluie, nous nous empressons de le remonter. Nous voilà bien au sec !! 😀

Et puis… Quelques ajustements pour réduire les bruits du bateau dans le roulis (privilège des bateaux en bois ! 😁), un changement de drisse de spi dont la gaine était abimée, changement du coupe-batterie qui a rendu l’ âme à quelque jours du départ nous privant d’un coup d’énergie à bord (soulagement une fois le problème – peu grave – identifié!), réparation de l’enrouleur de cordage qui manquait d’aller nager avec les poissons, identification des drisses que nous avons en rab sur le bateau pour prévoir des spare (pièce de rechange) en cas de casse… Il y a toujours de quoi s’occuper à bord !!

Quelle belle drisse de spi !! 😃

Les éléments propres à la traversée

Au vue de cette longue navigation annoncée, nous décidons de changer le génois à poste par un autre génois déjà à bord et plus ancien. En effet cette voile sera constamment utilisée, soumise aux UV, plus ou moins enroulée et déroulée, … Nous préservons ainsi le génois plus récent.

Activation de l’abonnement du téléphone satellite, déclaration de la traversée auprès du Cross Griz Nez (ils ont déjà toutes les informations relatives au bateau, à l’équipage et à notre santé).

Sujet cuisine… Tout le monde connaît mon talent et ma passion pour ce domaine ! 😏 Mais c’est d’une grande importance alors, je me fais une raison. Au delà de l’importance de bien se nourrir, à bord le moral est dans l’assiette ! En cas de conditions compliquées, un bon repas donne toujours un peu de douceur et de courage. Sauf que justement dans ces conditions difficiles, on n’a AUCUNE envie de réfléchir au menu et encore moins de cuisiner un bon petit plat. Nous décidons donc de choisir les menus en avance. Viennent ensuite les courses, grand moment de bonheur !! Il faut prévoir suffisement pour le temps de traversée, sans oublier la capacité de stockage limitée du frigo et du bateau en général. Menus OK, avitaillement OK, reste à essayer de préparer quelques repas en avance. Je me lance alors dans la réalisation de bocaux stérilisés qui nous permettrons d’avoir de la nourriture variée et facile à réchauffer. Je vous passe le nombre de fois où j’ai reporté le passage à l’action, le nombre de soupirs, la cocotte trop petite pour stériliser correctement, le vent qui se lève à ce moment là ce qui fait déborder la cocotte et inonde le feu de cuisson… Mais… ça y est, ils sont fait !! 😅🥳 Reste à voir si le goût est là !🤞🤞

Occupations à bord : il faut prévoir des petites activités sympa à faire, en fonction des conditions. Proximité des jeux de sociétés, du matériel de pêche, téléchargement de podcasts (y compris de leçons audio d’harmonica ! Jed va devenir un grand musicien !!), chargement de la liseuse, de quoi faire des bracelets brésiliens (pourquoi pas !) avec de la garcette (je ne garantie pas le résultat!!) 

Organisation du bord : quelques réorganisations à faire pour une vie sereine et facile ! Annexe, paddle et jupe peuvent être rangés de manière inaccessible, tandis que le spi symétrique est mis à portée de main. Une bouteille de gaz de rechange à proximité pour éviter, en plein roulis, de déménager une cabine eau milieu de la cuisson ! Caler les réserves d’eau et l’avitaillement. Et la petite pépite, c’est d’installer le pavillon breton, le pavillon Joyeux Noël & les décos de Noël ☺️✨