Réveil après une nuit pluvieuse. Rien de grave si ce n’est qu’on avait oublié de fermer 3 hublots… Dommage car on partait pour 50 milles nautiques en direction d’Ibiza avec de la pluie annoncée, on serait bien partis avec un bateau sec.
Plusieurs modèles météo comparés : tous annoncent de la pluie, beaucoup annoncent environ 20 noeuds de vent (=ni trop, ni trop peu), le modèle empirique annonce des rafales (=des pics plus fort) à 30 noeuds (gérable).
On assèche le bateau, on s’équipe des cirés, 09h15 on part.
La pluie est bien au rdv dès le départ. En revanche l’invité surprise fut l’orage. Il est venu sur nous et impossible de trouver la sortie. On enfile les gilets (prudemment pendus dans la descente par le capitaine avant le départ). On reste coincés dans l’orage pendant 4h, probablement pas loin du cœur car les éclairs étaient de tous côtés. On rentre la trinquette (seule voile sortie, la plus petite voile d’avant), mais le bateau file quand même avec une pointe à 10nd, sans voiles..!! (une vitesse moyenne avec voile est 5-6 noeuds, notre record avec voile est 11,7nd). On s’accroche aux lignes de vie. Le vent monte, on a noté des rafales à 48nd (si ça se stabilise à 48nd on entre dans la catégorie tempête sur l’échelle de Beaufort). Les vagues se creusent, on se fait un peu balloter mais le capitaine gère la barre avec beaucoup de sagesse et d’énergie (ses épaules s’en souviennent). Le moral reste bon, le mousse à une paisible confiance notamment en son capitaine, le capitaine garde un regard rassurant entre deux efforts de barre avec quelques clins d’œil pleins de tendresse! Une ou deux déferlantes (vagues qui viennent dans le bateau) dans le cockpit. La sortie est longue à venir. Puis on y arrive, toujours avec le vent, la pluie, les vagues, mais on est sortis de l’orage, il est 18h30 et nous voilà à Ibiza.
Reste à trouver un endroit abrité pour la nuit. Pas facile : il y en a peu et notre énergie ne nous permet pas de repartir pendant 4h pour faire le tour de l’île. On opte pour un endroit. Il y a du vent et des vagues qui rentrent, chacun dans un sens opposé ce qui fait bouger le bateau bizarrement et taper fort l’arrière de Levenez sur les vagues. Peu confortable mais on est en sécurité. On essaye de mettre une ancre à l’arrière pour rester face aux vagues (jamais fait jusqu’alors), échec de la manœuvre. Tant pis pour les vagues on opte pour un ancrage classique. Après s’y être pris à 3 fois (et avoir coincé l’ancre dans le davier… que nous avons finalement réussi à décoincer!), il est 21h passé, il fait nuit, on est ancrés. Nous sommes trempés, le bateau aussi (extérieur… et intérieur!!). On rend le lieu aussi sec et chaleureux que possible, on souffle, on réalise.
Longue et intense journée, petite nuit, mais on s’aime, on va bien et Levenez aussi ! Aucun dégâts pour nous (sauf les épaules de Jed qui doivent se détendre) et seulement le drapeau français déchiré et le davier (socle ou passe l’ancre et la chaîne) de l’ancre abîmé (mais aussi vite réparé!) pour Levenez.