07 octobre 2022
Départ vendredi matin. La manœuvre de port n’est pas évidente entre le pas de l’hélice qui nous emmène sur le quai et les pendilles des voisins qui limitent la marge de manœuvre dans une allée étroite. Entre le talent du capitaine et un peu de chance, nous voilà désengagés, en route !!
A la sortie du port nous faisons route avec un sous-marin !!! 😲 Je crois que c’est la première fois que j’en vois un !!
Et puis, c’est parti pour du près serré…! Jed tire des bords dans une mer désordonnée. Et moi… je m’autogère ! Et je dois avouer que malgré la position allongée, je n’y arrive pas vraiment. Le mal de mer passe mais mentalement je ne suis pas résistante. Le près serré rend chaque tâche très compliquée et tout me paraît une montagne (vaisselle, repas, …). En merveilleux époux et merveilleux capitaine, Jed propose qu’on s’arrête à un mouillage sur la côte espagnole pour la nuit. Après discussions, c’est décidé : cap sur Tabarca. En moins d’une heure nous y sommes et c’est sans regrets !! Cette petite île proche de la côte est pleine de charme et de vie par ses milliers d’oiseaux qui piaillent aux alentours. Et quel bonheur d’être au mouillage !! Cela faisait beaucoup trop longtemps (depuis les Bermudes, en mai !!!). Une sensation de paix nous envahit et nous gardons un grand sourire toute la soirée ! Tobago aussi est tout content ! Il est vraiment sympa. Il s’adapte toujours, subit en silence quand c’est difficile, s’excite quand les conditions le permettent, et – sans qu’on ne lui dise rien – se met en veille dès qu’on manœuvre !
La soirée est douce ✨ Et le lieu nous rend impatients d’être demain pour découvrir !!!
08 octobre 2022
Réveil de rêve au mouillage, après une nuit délicatement bercés par la mer. Le soleil est au rdv et nos esprits reprennent vie ! Après un petit dej aux anges, nous remouillons car nous nous sommes mis dans une zone de caillasse. Il faudra s’y reprendre à plusieurs fois avant de nous repositionner sur du sable. Jed est dans l’eau, plongeant pour décoincer la chaîne des cailloux. On a échappé à la cata !
L’heure est à la baignade : que c’est bon !! Premier bain après 5 mois pour moi !! 🙃 C’est incroyable de se reconnecter à l’eau ! Revoir la partie immergée de Levenez, détendre le corps en nageant, dénouer les épaules en faisant l’étoile de mer, prendre un bain de soleil à la sortie…!!! 💝
09 octobre 2022
Après une excellente 2e nuit au mouillage, nous levons l’ancre avec le soleil. C’est reparti ! Sans transition, nous voilà lancés face aux vagues. Levenez gîte comme il sait bien le faire. Et moi je repars apprendre l’humilité à l’horizontale. Le récit s’arrête là car la journée s’est passée dans le lit pour moi ! Je pourrais vous décrire le plafond de la cabine dans les moindres détails mais je vous l’épargne 😉 Pendant ce temps Jed gère la nav tout seul, sans déjeuner, et avec le sourire ! 💪💙
Nous n’avons pas envie de nous battre obstinément contre les éléments, nous visons donc encore un mouillage pour la nuit.
10 - 13 octobre 2022
Si on omet les barres d’immeubles affreuses qui décorent toute la côte, ce mouillage est très sympa. Eau claire et fond de sable, au pied d’un rocher majestueux.
L’ambiance est paisible. Une petite ballade au pied du rocher nous offre un moment de paix.
Après cette douce journée, la soirée est paisible et nous nous couchons (tôt!). Des éclairs illuminent le ciel au loin mais ici rien, tout est très calme.
23h, on entend le vent monter. Jed saute du lit, et moi derrière lui. Le capitaine se rue derrière la barre et allume le moteur. Je le suis de près, attrapant la télécommande du guideau au passage. A peine le temps de constater que Levenez a déjà dérapé que le vent monte à 40 noeuds 😨 Je file à l’avant pour remonter la chaîne. C’est lunaire. S’engager sur les passes-avant ferait presque peur ! La pluie et le vent nous fouettent tant qu’on a l’impression de se prendre des grêlons. On est tellement mouillés et il pleut si fort qu’on déglutit de l’eau entre deux respirations. Le moteur compense seulement la force du vent mais ne nous fait pas avancer ce qui n’aide pas à remonter la chaîne. La gîte de Levenez est impressionnante pour être sans voiles. Et puis enfin Jed réussit à nous faire prendre un peu de vitesse et nous nous éloignons des rochers bien trop près à notre goût !! 😳 Tout cela en tractant et remontant la chaîne. Énorme soulagement de ne plus voir les rochers aussi près. On se sent tellement impuissants quand la côte se rapproche et que, malgré le moteur embrayé, on n’arrive pas à s’en éloigner.
Il faut agir vite et bien. Et ce n’est pas évident car à cause du vent on ne s’entend pas entre le poste de barre et l’étrave. En se battant contre le vent nous nous repositionnons et remouillons 40m de chaîne (il faut dire que nous avions été un peu radin sur la chaîne hier soir, erreur de débutants !).
Une accalmie nous permet d’enfiler pantalon de ciré, veste de quart et bottes. Équipés, nous mouillons une nouvelle fois, mieux positionnés et avec 50m de chaîne. Nous restons éveillés et équipés, moteur allumé, pendant 2h, surveillant le radar orageux sur les applis météo. 02h : nous nous recouchons, Jed dans le carré et instruments de nav allumés.
Quelle bonne étoile nous avons eu, encore ! Le soir même nous venions de fermer le lazy bag et renrouler le génois mal roulé, que nous n’avions pas eu le courage de faire suite à la navigation de la veille (en 2 ans ça ne nous ait jamais arrivé de reporter ces choses là !). Si nous avions reporté d’une nuit encore, le génois aurait pu se déchirer, la GV prendre le vent, et ça aurait été la grosse cata !! Et puis, heureusement que nous ne dormions pas profondément, parce qu’une minute plus tard – le capitaine estime même que ça c’est plutôt joué à 15 secondes !! – nous aurions été échoués dans les rochers. Quelle chance de n’avoir eu aucun problème de moteur, guideau ou autre. Le moindre problème aurait pu être fatal pour Levenez ✨✨✨
Et surtout, quelle réactivité de mon capitaine 😍😍 Cette capacité à constater / analyser / décider / agir en 1 seconde m’émerveille !
Et Tobago dans tout ça ? 🐕 Sa grande solidarité l’a fait sortir dans le cockpit en même temps que nous ! Dans ces moments il refuse catégoriquement de rester tout seul dedans 😏 Une fois dehors, il reste dans un coin, trempé, sans bouger en observant tout et en jaugeant le degré de gravité dans nos attitudes. En même temps je le comprends, être tout seul dedans, sans voir ce qu’il se passe, en entendant seulement des bruits et voix fortes c’est anxiogène. Ça me fait penser quand j’étais petite avec 2 de mes grandes sœurs en Bretagne : nous avions vu un rat dans la chambre 🐀😱. La plus grande des 3 avait dit « bougez pas, je vais chercher papa ». Bien sûr oui, tu crois vraiment qu’on va rester seules avec le rat ??!! 😏 Ni une ni deux nous étions dans la cour à attendre papa !! 😄
La journée qui suit est bien douce. Les esprits jonglent entre une détente apaisée et la remémoration des événements, imaginant ce qu’aurait pu être cette journée si nous nous étions levés quelques secondes plus tard la nuit dernière.
14 octobre 2022 * Jour 0
Et c’est reparti ! Ça fait drôle de se dire que cette fois, sauf imprévus, la prochaine destination est celle de notre point de départ d’il y a 2 ans !!
Le départ se fait dans un grand calme : vent absent et soleil bien présent ! On espère avoir rapidement un peu d’air pour pouvoir couper le moteur et respirer.
Les premières heures passent et la chaleur est écrasante. On cherche les rares coins d’ombres du cockpit. Cela faisait bien longtemps que nous n’avions pas eu aussi chaud en navigation !
Une petite brise pointe le bout de son nez après le déjeuner. Le capitaine opte pour le spy symétrique : Levenez avance à la vitesse du vent (5 noeuds) ! 👌 Dans l’après-midi le vent monte légèrement ce qui adoucit la chaleur et fait avancer Levenez entre 7 et 9 noeuds, c’est très agréable et trop génial !!! 😃😎
Nous apercevons au loin une espèce de petit mât flottant, avec des tâches oranges fluos à côté. Difficile de voir avec les jumelles. Évidement on pense à des personnes à la mer en gilet, en espérant très fort que ce ne soit pas le cas !! 😳 Tout va bien, c’est en fait un truc de pêche bien étrange mais pour une fois bien visible !! En réalisant ça on passe du coup à l’étape : est-ce un filet (important car nous passons très près) ?! Nos yeux scrutent la mer à la recherche d’une autre bouée plus loin, qui pourrait être l’extrémité du filet potentiel… Là !!! Merde, on passe entre les deux 😬 ! Et pas le temps d’éviter, surtout sous spy. Je file à l’avant pour scruter la mer, tout en me tenant bien en cas de freinage brutal (lancés à 7 noeuds ça peut bien secouer !) On serre les fesses et… rien !! 🥵 Soit ce n’était pas un filet, soit il était plus profond que notre quille 😅
Après avoir savouré la douce fin de journée sous spy, nous le rentrons avant la nuit. Et finalement nous avançons toujours à 7 noeuds avec le génois !! 👍
Le coucher de soleil est magnifique. Cette journée a vraiment été un super cadeau !! 💝✨
La nuit est idyllique : la lune éclaire comme de jour, la température est douce, l’air est sec, le vent nous fait avancer, la mer est plate ✨ Levenez ne fait pas de bruit, il ne gîte ni ne roule. Il se laisse simplement glisser en douceur sous les étoiles, c’est magique.
15 octobre 2022 * Jour 1
Nous passons sous le vent de Majorque. L’île nous prive du vent déjà fébrile, le moteur s’impose. La mer devient un miroir calme et magnifique.
Nous déjeunons sur le passe-avant bâbord, seul coin qui nous offre un peu d’ombre et une température acceptable.
En fin d’après-midi nous repassons un petit moment dans ce même endroit et nous nous laissons hypnotiser par la mer. Des rayons du soleil la transperce et nous offrent des nuances de bleu fascinantes, avant de se perdre dans les abysses des profondeurs. La mer est si claire et calme que parfois nous voyons passer des méduses et phytoplanctons sous l’eau. Les oiseaux qui volent au raz de l’eau se reflètent sur la mer. Le spectacle est trop beau, et très apaisant ! ✨
Le vent revient, sans transition, à la fin du dîner. Nous prenons ce nouveau rythme en admirant le ciel en feu 🔥
La nuit débute avec 20 noeuds de vent à 100° du vent. C’est plutôt confortable, tant que ça ne monte pas plus.
16 octobre 2022 * Jour 2
Le soleil se lève derrière une jolie guirlande de nuages. Le vent tourne légèrement, on se rapproche de plus en plus du vent.
Les mouches sont du voyage, ce qui commence à agacer Tobago. Mais il persévère à essayer de les croquer !! 😄
Nous sommes à 50° du vent, la gîte est prononcée mais la mer est calme, on a de la chance. Levenez avance bien ! Tobago ne perd pas son habitude de voler un bout de coussin sur le canapé dès qu’il le peut ! 😏😄
La première partie de nuit est calme. La seconde en revanche nous croisons pas mal de bateaux. Pendant mon quart nous avons une route de collision avec un voilier. Après consultation du capitaine on estime que ça passe. Je contacte le voilier à la VHF pour être sûre qu’il nous a vu. Nous maintenons tous les deux notre cap. Nos routes se rapprochent de plus en plus et je ne suis pas du tout sereine. J’appelle Jed pour qu’il vienne voir ce qu’il en pense. On choque de la GV pour ralentir, puis nous nous croisons, dans la nuit, vraiment très près ! Cela m’a fait une petite suée !! Deux heures plus tard idem avec un cargo. Mais lui dévie légèrement sa trajectoire, et moi je freine Levenez plus tôt.
17 octobre 2022 * Jour 3
La nuit n’a pas été très reposante mais aujourd’hui c’est jour de fête : nous pouvons dire avec certitude que c’est le dernier jour de navigation de notre aventure !!! 🤪 Bon en vrai on peut le dire, mais on ne réalise pas !! ☺️
Nous avons bien remonté au vent cette nuit, ce qui nous permet d’abattre un peu ce matin, et ce n’est pas désagréable !
Ça y est nous voyons la côte !!! Et pas n’importe laquelle !!! 🥰
3h avant d’arriver nous passons cap camarat en même temps – mais 10 miles plus loin de la côte – que le bateau copain Wapitoo rencontré en Sardaigne !! 2 ans après c’est trop drôle !! Ce qui l’est moins c’est qu’ils ont passé toute la saison à St Raphaël et qu’on se loupe à quelques heures ! Mais c’est le jeu de la plaisance !
La côte est de plus en plus distincte, l’Esterel se dessine dans un beau ciel bleu. 🤩
Nous entrons dans le port et passons à côté du chantier CNPF. Souvenirs, souvenirs ! La pendille est prise (ça faisait bien longtemps 😅), les amarres sont aux taquets : nous voilà arrivés !!!!! 🤪🤩😍
Ça fait tout drôle, et en même temps ça paraît normal ! On a la sensation d’être parti de Fréjus hier !
Fait avec amour par Jed & Piline