Nous sommes partis, enfin! Première traversée réalisée, nous voilà en Corse. Lieu magnifique, côte accueillante et somptueuse. Et nous vivons enfin notre premier mouillage sauvage. Presque seuls, en pleine nature, entourés de roches et de verdure, mer calme. Nous sommes aux anges !!
Nous passons une très bonne nuit, réveil magique dans ce lieu unique. Puis vient le moment de partir. Il est 11h30, nous levons l’ancre. Enfin… nous essayons !! Mais impossible. Elle est coincée. On le sent assez vite à la remontée de l’ancre. On n’insiste surtout pas pour ne pas abîmer le guideau (appareil qui fait descendre et monter la chaîne). Jed chausse ses palmes, prend son masque et son tuba et va voir. Il y a 8m de fond, il atteint l’ancre sans soucis. En revanche impossible de la faire bouger, par manque d’air d’une part (descendre à 8m en apnée est une chose, y rester et utiliser sa force – bien qu’impressionnante! 😜 – en est une autre), et d’autre part car elle est bien coincée entre 2 rochers. Pour pimenter le tout, la chaîne s’est elle aussi entourée et coincée autour d’un autre caillou. Les heures passent et l’ancre ne bouge pas d’un poil. N’ayant aucune compétence en plongée je ne pouvais pas relayer Jed qui commençait à fatiguer et avoir froid pendant que moi je suffoquais sur le bateau. A court de solutions et ayant besoin de me sentir utile, je pars en annexe au devant d’un voilier à l’ancre pas loin de nous. Peut-être aurait-il une bouteille de plongée qui nous permettrait d’avoir plus de temps dans l’eau pour agir ? (oui parce qu’évidemment le compresseur d’air que nous avons acheté justement pour ce genre de situation ne fonctionnait pas..!) Malheureusement il n’en a pas. Ce qui n’enlève rien à la sympathie de ce navigateur qui a malgré tout passé du temps avec nous. A défaut d’oxygène, ça soutient moralement! Le temps défile toujours et l’ancre boude encore entre les cailloux. On passe une drisse dans l’ancre mais celle-ci cède sans faire bouger l’ancre d’un cm… Je repars à bord de l’annexe à l’assaut d’un yacht plus loin, toujours dans l’espoir d’une bouteille. Un membre de l’équipage m’écoute, demande l’autorisation aux propriétaires pendant que je les regarde avec un grand sourire 😇, puis il me dit « ok, wait » en hochant positivement de la tête. Grande bouffée d’espoir!! Il descend dans la cale du bateau. Espoir de courte durée puisqu’il revient avec une tête désolée en me montrant la bouteille de plongée… vide! Désillusion, je reviens à bord de Levenez. Tentatives sur tentatives, les forces et la patience diminuent et le temps passe. Un coup de vent étant annoncé pour le soir, nous ne voulons pas passer la nuit ici (bien que nous aurions été bien ancrés!!). Je re-re-chevauche l’annexe pour aller à la rencontre d’un autre gros yacht plus au large. Il y a quelques vagues et j’espère au fond de moi avoir assez d’essence pour faire l’A/R car ramer sur cette distance dans les vagues serait compliqué !! Pas de bouteille non plus sur ce bateau, mais l’équipage a dû avoir pitié et un des membres revient avec moi sur Levenez. Lui reste dans l’eau pour guider les manœuvres en ayant le visuel sous-marin, Jed se met à la barre et moi au guideau. Petite victoire nous réussissons à décoincer la chaîne. En revanche l’ancre ne bouge toujours pas. Au bout d’un moment l’équipier du yacht nous fait comprendre que la solution qui reste est de couper la chaîne, abandonner l’ancre et partir. Oui… mais non !! Ce n’est pas vraiment envisageable pour nous. 400€ d’ancre minimum sans compter la longueur de chaîne perdue avec, et la logistique d’en commander une au plus près et d’attendre au port on ne sait pas combien de temps qu’elle soit livrée… Dernier espoir nous demandons à un 3e et dernier petit bateau à moteur arrivé vers la plage. Le propriétaire est moniteur de plongée et a une bouteille : 1ère victoire!!! Il vient essayer avec nous, et… en 5 minutes c’est réglé! L’oxygène a sûrement aidé, mais pas que… incroyable !! ✨ Il est 16h30, après 5h d’efforts, nous sommes libérés !!
Nous voilà donc répartis, 3h de navigation, une nuit au mouillage, puis nous partons toute la matinée sur la terre en laissant le bateau seul pendant 4h. Au retour nous retrouvons le bateau sagement ancré à sa place.
Nous repartons pour une nouvelle navigation, avec un peu de mer et l’avant qui tape sur les vagues. Une idée nous passe par la tête : amarrer l’ancre avec un bout, sait-on jamais! Il y a déjà eu des histoires d’ancre se décrochant en pleine mer. Je vais donc de ce pas à l’avant. Et surprise : il y a une petite séquelle de notre épisode de la veille. Ce qui attache l’ancre à la chaîne est cassé, l’ancre est gentiment à poste, dans une sorte d’équilibre étonnant…….!!!!!! Elle aurait pu tomber la veille pendant la navigation, on aurait pu être décrochés dans la nuit, le bateau aurait pu dériver pendant que nous étions à terre, on aurait pu la perdre en mer dans les vagues… mais non 😃✨
Fait avec amour par Jed & Piline